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Recipes For A Perfect Marriage, Kate Kerrigan

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Ce livre fait aussi partie de la pile de chick-lit que j’ai ramené de chez cette dame anglaise qui faisait du vide dans sa bibliothèque (tout comme Twenty Wishes). Je ne connaissais pas du tout l’auteur.

Le résumé au dos parlait de transmission de recettes de cuisines entre une grand-mère irlandaise et sa petite fille américaine. Et d’histoires d’amour difficiles.

This is a book belonging to the pile of chick lit books I got from this British lady who was cleaning up her bookshelves (just like Twenty Wishes). I had no clue about the author.

The blurb at the back spoke about recipes transmitted by an Irish grand mother to her American grand daughter. And about difficult love stories.


Résumé et avis en bref: Tressa a presque 40 ans, elle vit à New York, est critique culinaire, et a des potes très chics. Tressa est pressée de se marier et épouse le premier beau jeune homme qui se point à sa porte. Sauf qu’elle ne l’aime pas. Elle se jette à corps perdu dans l’écriture de son premier livre de cuisine, inspiré des recettes de sa grand-mère irlandaise, Bernadine.

Bernadine nous ouvre en même temps son journal intime. Contrainte en son temps d’épouser un homme bon, mais qu’elle n’aime pas, elle va peu à peu se laisser apprivoiser…

In a nutshell: Tressa is almost 40, she lives in New York, is a culinary critic, and has lots of very trendy and classy friends. Tressa is in a hurry to get married, and she marries the first handsome man who literally rings her doorbell. The only problem is that she doesn’t love him. To try and forget this huge mistake, she dedicates herself to writing a book of traditional Irish recipes from a note book her grand mother Bernardine gave her.

At the same time, we discover Bernadine’s diary. Forced to marry a man that she doesn’t love, but how is a good man, Bernardine will slowly learn to love her husband…

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On suit les trajectoires parallèles de deux femmes sur trois générations. La grand-mère et sa petite-fille passent par les mêmes épreuves, amenées, bien sur, par des circonstances on ne peut plus différentes. Mais là réside la vérité: quoi qu’il se passe, les sentiments sont tels qu’ils sont, on ne peut se forcer à aimer quelqu’un. Par contre, on peut le respecter… et c’est peut-être là que se trouve le début de l’amour: dans le respect.

Chaque chapitre commence par une recette de Bernadine, dans laquelle la grand-mère s’adresse directement à sa petite fille. La recette donne le ton et le thème du chapitre qu’il ouvre. Chaque femme, à son époque, au travers de la réalisation de cette recette, apprend quelque chose de la vie. La recette la plus emblématique est celle du pain, tellement intuitive qu’il est difficile de la retrouver.

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We follow the parallel stories of two women, over three generations. The grand-mother and her grand-daughter must go through the same ordeals, which are of course brought by very different circumstances. But this is where truth lies: whatever happens, feelings cannot be forced, it is impossible to force oneself to love someone. But it is possible to respect them… and this is where the beginning of love might lie: in respect.

Each chapter starts with a recipe from Bernadine, in which the grand-mother speaks directly to her grand-daughter. The recipe gives away the theme of the chapter. Both women will find answers while going through the recipe, figurative answers to very correction problems. The most symbolic recipe is the Irish bread’s recipe. Making bread is such an intuitive process that writing down the recipe is almost impossible… you must « feel » it to do it right.

Le thème de l’immigration est aussi central: Bernadine avait pour rêve de partir en Amérique, mais elle s’est retrouvée coincée en Irlande. Tressa, quant à elle, est une newyorkaise stressée et pressée, qui tente de se reconnecter à ses racines irlandaises, à un peu d’authenticité.

C’est un joli roman, bien écrit, et sans prétention. Les deux femmes apprennent à aimer l’homme qu’elles ont épousé pour les mauvaises raisons. Tout est bien qui finit bien, mais je dois avouer que le postulat de départ (« je me suis mariée mais je n’aime pas ce mec ») est quand même très original.

Les recettes sont pour moi le gros plus de ce roman. Ce sont les véritables recettes de la grand-mère de l’auteure.

Beyond love and what it means to love, the other central theme of the book is immigration: Bernadine dreamt of going to the US, but she found herself stuck in Ireland. Tressa is a stressed newyorker, always in a hurry, who tries to reconnect with her Irish roots and to find a bit of authenticity through cooking.

The book is cute, well written and unpretentious. Both women learn to love the man they are married to. All is well in the end, but I must confess that the starting point (« I married him but I don’t love him ») is rather original.

The real added value of the book are the recipes. These are all real recipes from the author’s grand mother.


L’histoire: Attention SPOILERS!! Je raconte l’histoire en détail. Vous pouvez passer directement à la section « Mon avis » si vous préférez garder un peu de mystère!

Note: les histoires de Tressa et de Bernadine sont racontées en même temps et suivent un parcours plus ou moins similaire, mais sous des circonstances différentes. Pour plus de clarté, j’ai choisi ici de raconter chaque histoire dans son ensemble. Je commence chronologiquement avec Bernadine, et continuerai avec Tressa.

c639e9073096de0e94c59e4e3ed70a66Bernadine est née dans une famille pas très riche irlandaise. Sa mère trime dur, son père est violent et alcoolique (et bon à rien). On ne se pose pas de questions, c’est comme ça.

Bernadine est très jolie, et elle sait en jouer. Bernadine a aussi une tante célibataire qui a fait fortune sur le Nouveau Continent, et qui est récemment revenue s’installer en Irlande, en faisant profiter sa nièce de ses largesses. Bref, Bernadine est jeune, et elle a pour ambition d’aller faire fortune aux Etats-Unis, comme sa tata.

Un jour, une mère et son fils, Michaël, débarquent pour, soit-disant, régler un héritage. Très vite, Bernadine et Michaël ne se quittent plus, et parlent mariage. Seulement, il faut une dot, et les parents de Bernadine ne sont pas assez riches. Ils se tournent vers la riche tante, qui refuse. Incompréhension. Michaël rentre aux USA et ne donne plus jamais de nouvelles.

Bernadine est effondrée, et n’a de cesse de regarder l’horizon, s’abîmant les yeux à essayer de distinguer Manhattan et son amoureux. Mais la vie continue, et un jour, James, un professeur au tempérament très doux, arrive dans la ville de Bernadine. Par jeu, la jeune fille lui fait du gringe… James, qui tombe sous son charme, va demander la main de Bernadine à son père… Ni une, ni deux, la jeune femme est fiancée, et mariée à un homme bon et charmant, mais qu’elle n’aime pas.

Le couple vivra sur le compromis suivant: James ne demandera jamais à Bernadine de lui dire qu’elle l’aime, mais elle doit être une épouse exemplaire. James souffre, évidemment, d’être marié à une femme qu’il adore, mais qui ne l’aime pas. Bernadine, toujours, regarde l’horizon et espère que Michaël reviendra pour elle.

c32b0037a4c232284daf3ff7eff5b1b8 Lors d’une dispute, James révèle à Bernadine que Michaël et sa mère étaient en fait des arnaqueurs qui essayaient de pêcher le poisson le plus riche du coin. Michaël était déjà marié aux Etats-unis à une riche héritière. C’est la raison pour laquelle la tante de Bernadine a refusé de payer la dot. C’est un coup dur pour Bernadine, qui avait toujours cru en l’amour sincère de Michaël.

Après une décennie de vie commune, Bernadine décide d’offrir à James l’amour inconditionnel qu’il mérite, et qu’elle ne peut lui donner: celui d’un enfant. Elle donne naissance à leur fille, un être qui va la ravir plus qu’elle n’aurait pu l’imaginer… Et qui aime James, son père, inconditionnellement.

Leur fille grandit et s’en va aux Etats-unis. Leur mariage, parfait de l’extérieur, est une machine bien huilée. L’amour n’est pas présent, mais le respect mutuel, oui. Lorsque la mère de Bernadine meurt, son père vient vivre chez le couple. Mais Bernadine n’est plus la petite fille qu’elle était, et tient tête à son père.

Les années passent, et un jour, Bernadine a vent du retour de Michaël en Irlande. Elle ne peut s’empêcher d’être heureuse, et fait tout pour le retrouver sans en avoir l’air. Enfin, lorsque la rencontre a lieu, James est présent, ainsi que de nombreuses personnes qui connaissent l’histoire d’amour avortée de Bernadine et Michaël. C’est à cet instant que Bernadine laisse s’envoler le fantôme de son amour passé. Elle est cordiale avec Michaël, mais ne laisse rien voir de son émoi ni de ses sentiments. S’il y a un homme qui en est digne, c’est son mari, James.

Lorsque James meurt, il demande, dans un dernier soupir, à Bernadine de lui dire qu’elle l’aime, chose qu’elle n’a jamais fait. Bernadine prononce ces quelques mots, et James s’en va, apaisé. C’est à cet instant que la vieille femme se rend compte que ce n’est pas un mensonge, qu’elle aime véritablement son mari, et qu’elle l’a aimé pendant longtemps. Mais elle ne le savait pas.

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Tressa est la petite fille de Bernadine. Elle a été élevée par une mère hippie, artiste et célibataire. Tressa a passé tous ses étés en Irelande chez ses grands-parents, James et Bernadine. Un exemple de couple soudé et aimant. Elle se demande d’ailleurs, une fois adulte, quel était le secret de la longévité du couple de ses grands-parents. Lors de ces vacances irlandaises, Tressa se gavait des bons petits plats de sa mamie Bernadine, ce qui lui a donné le goût de cuisiner. D’ailleurs, maintenant que Tressa est adulte, elle est critique culinaire à New York.

La jeune femme est l’exemple même de la trentenaire ayant réussi sa vie professionnelle. Elle évolue dans le cercle restreint des magazines de mode et de cuisine, a un immense loft minimaliste, et est toujours pressée. Sauf que la quarantaines approche, et que Tressa est toujours célibataire. Et que ça l’angoisse un chouïa.

9ff92378d84fb35b18d779eaf8f1a88bUn beau jour, le gardien de son immeuble sonne à sa porte. Et il est beau, et charmant, et gentil. Et bam, pas vraiment besoin de mots, la peau parle beaucoup mieux 😉 Dan est aussi d’origine irlandaise, ce qui leur fait un point commun. Le seul point commun.

Dan est enjoué, il préfère les plaisirs simples aux choses sophistiquées de Tressa. Mais il l’adore comme on adorerait une divinité, et Tressa aime bien cela. La relation continue quelques mois, et Dan totalement conquis, demande à sa douce de l’épouser.

Tressa accepte avec soulagement: ça y est, elle est mariée, ouf! Mais lors de sa lune de miel, elle se rend compte qu’elle s’est mariée pour la mauvaise raison: Dan est beau et sympa, mais elle n’est pas amoureuse de lui. Pire, il lui porte sur les nerfs. Non, Tressa a juste cédé à la pression sociale, qui dit qu’il faut se marier, sinon on a raté sa vie.

img_3753Pauvre Tressa, à peine rentrée de lune de miel, elle se demande déjà comment elle va faire pour divorcer. Dan l’insupporte. Elle est abjecte avec lui. En plus, Dan vient d’une grande famille, pour laquelle le déjeuner du dimanche en famille est sacro-saint. Un truc qu’elle ne connaît pas, avec sa famille mono-parentale. Un truc qu’elle n’aime pas.

La famille de Dan vit en banlieue, un autre crime aux yeux de Tressa, qui ne veut entendre parler que de Manhattan. Pourtant, le couple sent bien qu’il ne peut rester trop longtemps dans l’appartement de Tressa. Ce n’est pas sain. Dan propose alors à sa femme de découvrir la maison de banlieue qu’il s’emploie à restaurer depuis quelques années. Si cela plaît à Tressa, ils s’y installeront. Sinon ils chercheront autre chose.

Mais Tressa est impressionnée et a un coup de coeur. Les époux s’emploient à finir de restaurer la maison, surtout la cuisine, que Tressa fait faire sur mesure et qui est unique. en plus, de la rhubarbe sauvage pousse au fond du jardin – ça lui rappelle la tarte à la rhubarbe de sa mamie. D’ailleurs Tressa travaille sur un projet de livres de recettes inspirées de la cuisine de sa grand-mère.

realestate140203_1_560Le projet de rénovation tient les époux occupés et les rapproche. Tressa passe l’épreuve du feu lorsqu’elle tombe sur un de ses anciens copains, qui lui plaît toujours – et à qui elle plait toujours. Elle le suis jusque dans une chambre d’hôtel, avant de se raviser et de rentrer chez elle. Mais elle sent qu’il faut qu’elle parle à Dan de cet incident, révélateur de leur relation.

Dan est furieux et anéanti. Depuis des mois, il se prend remarques acerbes et brimades sans sourciller, parce qu’il aime Tressa. Mais qu’elle l’ait presque trompé, il ne peut pas laisser passer cela. Tressa appelle à la rescousse sa meilleure amie, qui vient pour la réconforter. Mais au lieu de cela, l’amie en question se dévoile sous son vrai jour: une femme égoïste, qui ne pense pas à Tressa mais rien qu’à elle. Tressa l’envoie bouler lorsque sa soit-disant amie agresse verbalement Dan.

Elle pose un nouveau regard sur l’homme qu’elle a épousé: non, il n’est pas sophistiqué, mais il a un coeur pur et généreux. Et surtout, il mérite le respect. Voici comment Tressa est finalement tombée amoureuse de son mari…


09bc936bf1c013855cdd31cd9202f7f4Mon avis: Lorsque j’ai entamé ce roman, je me disais qu’une recette magique pour sauver mon mariage ne serait pas du luxe. Après une énorme dispute, on était un peu… dans une impasse. Je vous rassure, ça va beaucoup mieux maintenant! Mais tel était mon état d’esprit. En même temps, j’ai pris la décision de m’activer un peu plus derrière les fourneaux (donc si vous avez des recettes sympas, partagez!). Ce livre tombait donc à point nommé.

Le style: Du point de vue stylistique, c’est un roman facile à lire. Pas de mots trop savants ou compliqués, mais pas non plus un style trop simple comme Twenty Wishes. Un livre qui se laisse lire facilement, avec de jolies phrases, en somme. Un bon point pour moi 🙂

C’est de la chick-lit pure et dure, c’est certain. Ce livre s’adresse à un public féminin.

La structure: La construction du roman est très agréable et structurée: chaque partie commence par une recette écrite par la grand-mère de Tressa pour le projet de livre de cuisine de sa petite-fille. On a donc la recette + quelques mots/anecdotes de la main de Bernadine. Et puis les chapitres qui composent chaque partie alternent entre les voix de Bernadine et de Tressa, racontant l’évolution de la relation des deux femmes avec leurs maris charmants-mais-dont-elles-ne-sont-pas-amoureuses.

9551875a39f3f91947ee6e1b96c00efePour chaque recette, les deux femmes, en leur temps respectif, nous racontent comment la réalisation de la recette les a fait évoluer dans leur rapport à l’homme auquel elles sont mariées.

Par exemple, la tarte à la rhubarbe: lorsque Dan présente à Tressa sa maison de banlieue (chose qu’en théorie, elle abhorre), elle est conquise mais pas certaine… ce qui finira de la convaincre que c’est une bonne idée d’y emménager, c’est la découverte de rhubarbe sauvage qui pousse au fond du jardin… tout comme la rhubarbe poussait sans discipline derrière la maison de ses grands-parents. Un véritable signe.

Les histoires de Tressa et Bernadine n’ont pas la même temporalité: un an pour la première, toute une vie pour la seconde. C’est le temps qu’il leur faut, à chacune, pour s’apercevoir qu’elles aiment véritablement les hommes avec lesquels elles se sont unies. Je pense qu’il y a aussi les différentes moeurs qui entrent en compte dans cette différence de temporalité: pour Bernadine, divorcer ne se faisait pas, tandis que Tressa y pense dès son voyage de noces.

Les personnages: Bernadine, tout comme Tressa, sont très humaines. Je m’y suis attachée, malgré leurs défauts.

Bernadine est très vaniteuse: elle est belle, sa tante est riche (donc elle aussi par procuration), et un bel américain s’est épris d’elle. Bref, elle a tout pour se sentir supérieure aux autres jeunes filles de sa ville.

Tressa, quant à elle, est très superficielle: sa vie, c’est le monde de la mode, de la TV, des magazines pour femme. Elle a du style, et ses amis aussi. Elle coche les cases de ce qu’il « lui faut avoir »: un apart très design à Manhattan, par exemple, et un mari. Ah!! mais elle approche de la quarantaine et est toujours célibataire… panique à bord, il lui manque un accessoire pour être au top du top. Dan, son charmant concierge, aussi beau qu’il est fou d’elle, est le candidat parfait. Sauf que… c’est plus qu’un accessoire, c’est aussi un être humain, doué de sentiment et surtout de parole (s’il pouvait se taire, il serait parfait!).

Lorsque Bernadine est mariée à James, elle le ressent comme une injustice. Cependant, elle sera une épouse parfaite, à défaut de pouvoir l’aimer. Pas question qu’il puisse lui reprocher quoi que ce soit.

ire-kitchen-at-strokestown-park-haroJe dois dire que j’ai ressenti de la compassion pour ces deux femmes, enfermées dans un mariage qui ne leur correspond pas. Chacune essaie, avec les moyens de son époque, de s’en sortir. Et pour toutes les deux, la cuisine va jouer un rôle central.

Bernadine cuisine férocement, « with a vengeance », comme on dit en anglais. Et ses recettes, qui constituent la madeleine de Proust de Tressa, vont aider la jeune femme à surmonter les premiers mois difficiles de son mariage avec Dan. En effet, en se concentrant sur la rénovation de la cuisine, les jeunes époux se rapprochent. le projet les tient aussi assez occupés pour que Tressa n’ai pas le temps de penser au fait qu’elle n’aime pas son mari.

James et Dan sont des saints, il n’y a rien d’autre à dire. Surtout James, qui comprend que sa femme ne l’aimera jamais. En vrai gentleman, il se retire à temps pour ne pas lui imposer une grossesse qu’elle ne désire visiblement pas.

irish-country-cooking-sterling-epicure-boulderlocavore-com_Dan est patient, il comprend que quelque chose ne va pas pour Tressa, mais est loin de se douter que le problème, c’est lui! Il marche sur des oeufs avec sa femme, la ménage, la console et la cajole. Vraiment très chou! Même lorsque Tressa fait une scène lors d’un repas de famille, il essaie de comprendre son mal-être. cependant, il ne faut pas pousser Mémé (ou Dan, dans ce cas) dans les orties: lorsque Tressa lui révèle qu’elle a failli le tromper, c’en est trop.

Tressa tombe de son piédestal: elle avait toujours mis ses sentiments au dessus de ceux de Dan. Elle le voit maintenant blessé, en colère, et la vapeur est renversée. ce n’est plus de ses sautes d’humeurs dont dépend la relation, mais du pardon de son mari. Elle est à sa merci, et n’en n’a pas l’habitude.

La famille irlandaise: Les irlandais sont de fervents catholiques, et une fois mariés devant Dieu, pas question de divorce. Du moins dans les années 1930, c’était le cas. Enfermée dans un mariage qu’elle n’a pas désiré, Bernadine fait tout pour que son mari ne puisse rien lui reprocher – si ce n’est de ne pas l’aimer.

Le modèle familial de Tressa est différent: sa mère, fille unique, est une artiste et mère célibataire. Tressa est donc un pur produit américain, et son modèle se heurte à celui de la famille de Dan.

e775342989c0ea908bcc7e4c78386af2Ce dernier est lui aussi d’origine irlandaise, mais sa famille est un vrai clan. L’expression Irish Twins (« jumeaux irlandais », qui désigne des enfants tellement rapprochés qu’on se demande s’ils sont jumeaux), prend tout son sens avec sa grande famille. Les repas en famille du dimanche sont sacro-saints, on ne peut y échapper. La mère de Dan règne en matrone sur ses enfants, beaux-enfants et petits-enfants.

La cuisine de la belle-mère de Dan irrite au plus haut point Tressa, qui connaît les bonnes recettes irlandaises de sa mamie. Pour elle, la manière dont cuisine la mère de Dan est une insulte à la cuisine irlandaise traditionnelle.

Et pourtant, c’est cette ennemie culinaire jurée qui va révéler à Tressa le secret de la fabrication du pain brun traditionnel irlandais… La seule recette que Tressa loupe immanquablement. Autour de cette recette, les deux femmes vont faire la paix.

L’immigration et l’American Dream: Ah! L’Amérique! Lorsque l’Irlande connaît des moments difficiles, sa population s’exile sur le nouveau continent, à la recherche de jours meilleurs et de fortune. La tante de Bernadine et le beau Michaël sont la preuve qu’il existe un monde meilleur, par-delà l’océan. C’est le rêve de la jolie Bernadine, que d’aller faire fortune outre-Atlantique. Un rêve que réalisera sa fille, en partant vivre à New-York. Bernadine, quant à elle, ne quittera jamais l’Irlande.

Bernadine passe le plus clair de sa vie à rêvé ce à quoi sa vie aux Etats-Unis aurait pu ressembler. Elle vit dans le regret et l’amertume, ce qui l’empêche de profiter de sa vie réelle et de l’homme qui partage sa vie.

page_1Si vous ne l’avez pas vu, je vous encourage à regarder le joli film Brooklyn, qui raconte l’histoire d’une jeune irlandaise qui va tenter sa chance à la grosse pomme. Tout à fait dans le thème.

Avec la « jeune génération », Tressa et Dan, on se rend compte du melting pot que sont les Etats-Unis. Tressa a besoin de se reconnecter à ses racines, de savoir d’où elle vient. C’est en retravaillant les recettes de sa grand-mère qu’elle y parvient. La famille de Dan a sa propre définition de l’identité irlandaise: certains plats, certaines boissons, certaines activités. Et surtout, le sens de la famille.

Dan et Tressa, a leur façon, rendent hommage à leur racines, mais de manières différentes. On se rend compte à quel point les communautés coexistent sans vraiment se mélanger.

La définition de l’amour: C’est certainement le thème central du livre, avec la cuisine. Pour faire simple, je dirais que la leçon retenue de ce livre est la suivante: on peut apprendre à aimer. Il faut arriver à voir les gens tels qu’ils sont, avec leurs qualités et leurs défauts, et à défaut d’aimer, au moins les respecter. Car chacun mérite le respect. Et c’est peut-être dans le respect que se trouve la première pierre de l’édifice Amour.

La cuisine irlandaise: Vous allez être servis! Les recettes sont les véritables recettes de la grand-mère de l’auteure. Je soupçonne donc une petite part d’auto-biographie dans ce roman, ou du moins un hommage à une grand-mère qui a été très aimée.

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kate-kerriganL’auteure: Kate Kerrigan, dont le nom de naissance est Morag Prunty, est née à Londres de parents irlandais en  1964. Elle se lance dans le journalisme sans y croire, après une courte carrière de coiffeuse. En 1991, elle retourne en Irlande, et travaille pendant 10 ans à Dublin.

Elle déménage ensuite dans la campagne irlandaise où elle se consacre à l’écriture de romans. Elle a publié quatre romans sous son vrai nom, avant de prendre le nom de plume de Kate Kerrigan.Elle vit avec son mari, ses deux fils et son chien dans une ancienne demeure.

Vous pouvez en découvrir plus sur cette auteure en parcourant son site (en anglais).


Les illustrations: Mon édition montre deux étagères visiblement situées dans une cuisine. Sur l’étagère du haut, sont alignés des ustensiles de cuisine anciens, tels que des bouilloires en cuivre. Sur l’étagère du bas, s’aligne un set de vaisselle contemporaine et moderne.

Cette illustration colle bien avec les histoires parallèles des deux générations de femme que l’on suit. On se trouve dans une cuisine, pièce centrale dans la vie des deux femmes.

Les autres éditions en anglais: certaines éditions se concentrent sur la dimension « je cuisine »: on voit un plan de travail avec différents ingrédients prêts à être utilisés, un gâteau… Deux  illustrations se concentrent sur la notion de couple, dont l’un, rétro, contemple New-York depuis « l’autre rive », l’Irlande. Un tas de lettres, notes et vieux cahiers reliés par une ficelle représente les mémoires de Bernadine.

Les éditions étrangères: petite déception, ce livre n’est pas traduit en français. Il va falloir que je propose mes services 😉

Les éditions danoise et croate gardent la même illustration que celle d’origine, avec les deux étagères encombrées d’ustensiles de cuisine de deux époques différentes. L’édition russe montre une jeune femme prise dans les brumes lumineuses de Manhattan. J’aime beaucoup l’édition suédoise, toute bleue, avec son tas de casseroles et de torchons. tellement suédois!

Les autres illustrations me plaisent moins: en italien, un coeur dans du chocolat en poudre, ou des alliances dans le ciel. En espagnol, un marché de légumes. Et en allemand, les vieilles lettres font leur grand retour, mais le titre est très bizarre: « in Liebe, deine Tessa ». Déjà l’héroïne s’appelle Tressa, et ce n’est pas elle qui écrit les lettres, mais sa grand-mère. Il y a aussi une édition coréenne toute rose, sur laquelle on voit une jeune mariée lire des lettres – donc Tressa qui lit le journal de sa grand-mère.


Pour aller plus loin:

Une recette de pain brun irlandais traditionel (en anglais)

Kate Kerrigan fait du pain brun irlandais sur son ancien blog (qu’elle arrête d’alimenter fin 2014 pour passer à l’espace dédié de son nouveau site) et partage les recettes de sa grand-mère mentionnées dans son livre.

Et pour finir, une petite vidéo de l’auteur à l’oeuvre, faisant son fameux pain!

 


 

11 réflexions au sujet de “Recipes For A Perfect Marriage, Kate Kerrigan”

    1. Aaaah so sorry! My ambition was to have a English version for each blogpost but it’s taking me too long, so I gave up :p But it’s a really nice book, about how love can grow between two people already married, and a transgenerational story of cooking between and Irish grand mother and her American grand daughter. In short: a book about cooking and love 🙂

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  1. A reblogué ceci sur La bibliothèque de Sevet a ajouté:

    Un roman de chick lit qui allie histoire d’amour à contre-sens, héritage irlandais, cuisine, et découverte de soi. Une vraie bonne surpirse!
    A chick lit novel that combines falling in love after getting married (to your husband!), Irish heritage, cooking, and self discovery. A very good surprise!

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  2. Votre résumé me rappelle du film Julie et Julia. Il y a beaucoup de choses que ce livre et ce film ont en commun, à telle point que je me suis demandée si le film est basé sur le livre: deux femmes qui aiment cuisiner et qui échappent les difficultes de leurs vies dans la cuisine. Je vous conseille de regarder le film. Je pense que vous l’aimeras bien.

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